Les géraniums, ces méconnus !
Plus que des cousins usurpateurs, les Pelargoniums, à qui nous ne tiendrons pas rigueur de cet emprunt de nom vernaculaire, les "vrais" géraniums sont des plantes pleines de paradoxes à (re)découvrir...
1er paradoxe : infinies variations du thème
Regroupant principalement des vivaces, ce vaste genre révèle une diversité insoupçonnée : plus de 300 espèces, parents de centaines d'hybrides et de milliers de cultivars. A l'esprit de beaucoup de jardiniers non geraniophiles, ces herbacées se ressemblent toutes.
Or, observez-les, c'est le bon moment, leurs floraisons ont commencé il y a quelques semaines. Observez, donc, des assortiments en pépinière, en point de vente ou en jardin de collection, vous n'en trouverez pas deux identiques. Les quelques 90 taxons déjà illustrés actuellement dans Floriscope vous en donneront un premier petit avant-goût: Voir les Géraniums sur Floriscope
Morphologie et phénologie (caractère persistant) des feuilles, nuances et dessin de la fleur (toute les palettes des bleus, des mauves, des roses ou des blancs sont déclinées), même la taille et le port, érigé ou franchement rampant varient !
2ème paradoxe : main de fer dans un gant de velours
Une apparence de petites plantes fragiles certes, mais les géraniums ont de la ressource ! Couvre-sol tenace sous l'ombre des arbres (pensez au sempiternel G. macrorhizum qui traverse les coups durs grâce à son robuste rhizome), boule de couleur ultra-florifère en plein soleil, plante compacte pour potées (pour changer des cousins, pourquoi pas) et bordures, pour la plupart nettement rustiques sur l'ensemble de la métropole hexagonale, capable de tenir tête à bien des compagnons (horticoles ou spontanés)... quelle force de caractère !
3ème paradoxe : disparités et disparitions
Beaucoup de connaisseurs nous dirons "oh, les géraniums, trop vus !". Comme dans beaucoup de genres cultivés, admettons que certains ont beaucoup été mis en avant, soit. Pourtant il existe une foule de taxons pas moins résistants, pas moins fleurissants, au final tout aussi méritants chez nos partenaires pépiniéristes (rappelons l'onglet "trouver" de nos fiches plantes pour les nouveaux lecteurs, bienvenue à eux d'ailleurs). Un beau résevoir de diversité à exploiter pour de futurs projets !
Enfin, la quasi-omnipotence et la grande visibilité de certains cultivars ne doivent pas occulter la raréfaction de certaines variétés anciennes ou, pensons-y aussi, aux menace qui pèsent sur certaines espèces à l'état sauvage. Car oui, il est des géraniums rarissimes et même des menacés, dont les 11 citées par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature sur sa célèbre liste rouge ne donne qu'un aperçu.
Avant de vous laisser jouer du click, ou de votre paire de chaussures de marche préférée, pour voir ces végétaux de plus près, sachez que tout le genre tire son nom du grec geranos signifiant "grue". Non pas que ces plantes soient plus écervelées que d'autres, c'est que leurs graines évoqueraient le volatile...
A l'heure où l'on s'inquiète de la disparition des oiseaux, vous penserez désormais aussi aux discrets géraniums : la diversité, sauvage ou cultivée, est partout.